interview de
Recto - alors,
est-ce que tu pourrais me faire un rapide historique de wei-ji
(ou six pack).
Olivier - La formation actuelle date de 1992 avec Salim (chant/gtr),
Eddy (basse), Max (batterie) et Olivier (gtr). Notre line-up n'a
jamais bougé depuis, ce qui en soi est une performance,
non ? Le groupe s'appelait Sixpack et sous ce nom là nous
avons sorti nottament 2 albums sur Spliff rds. : "Doubt &
other feelings" (1996) et "Reading history" (1998),
plus une floppée de split 45t et quelques compilations
avec divers labels. Un peu las, nous avions décidé
d'arrêter à l'été 98. Pour ma part
j'ai joué avec Protex Blue durant cette période,
et Max avec Spit. Finalement, après une année ennuyante
les uns sans les autres, nous avons remonté le groupe,
mais en changeant de nom pour Wei Ji (ce qui signifie "danger
+ opportunité = crise" en chinois). Discographie :
un 45t deux titres (Kérosène), un MCD quatre titres
(Sanjam rds.) et des titres sur la BO du film "Baise moi"
de Virginie Despentes.
R - pourquoi
avez vous décidé de changer de nom alors que la
formation est exactement la même (dis moi si je me trompe)?
O - Le nom Sixpack ( "pack de six", un peu bourrin à
notre gout) ne nous convenait plus depuis longtemps. Seulement,
il est toujours difficile de changer de nom en cours de route.
Comme nous avions décidé d'arrêter et de tout
reprendre à zéro, on en a profité pour trouver
autre chose. D'ailleurs, il y a plusieurs groupes en Europe qui
s'appelent Sixpack, autant choisir quelque chose de neuf. Nous
ne jouons plus aucun titre de Sixpack.
R - quel style
tu donnerais à wei-ji? tu reconnais tu l'influence de fugazi?
O - Coller une étiquette à son propre groupe n'est
jamais évident. Le terme "emo" m'ennuie profondément,
tout est "emo" aujourd'hui, ça ne signifie absolument
rien ! Je dirais qu'on lorgne vers une sorte de new wave moderne,
dans le sens des groupes du début des années 80
post-punk (Joy Division par exemple). C'est plutôt restrictif
car je ne pense pas que nos influences se limitent à cela.
Fugazi est évidemment une influence majeure, tout comme
Husker Du l'était pour Sixpack. Parmis nos influences communes,
je citerai aussi Clash même si cela ne s'en ressent pas
vraiment dans notre musique, mais plutôt au niveau de l'état
d'esprit. Joy Division est est une, et cela n'a rien d'étonnant,
Fugazi étant eux aussi des grands adeptes de ce groupe.
L'affiliation est logique. Après, nous avons tous nos influences
personnelles, parfois très diverses. L'ensemble, on l'espère,
donne la cohésion au groupe.
R - pourrais tu
m'en dire un peu plus sur l'album...
O - Ce n'est donc pas un album, mais un 4 titres. Nous l'avons
réalisé avec Yann Dubois de Sanjam qui est un bon
ami à moi. Dès qu'il a su que nous remontions un
groupe ensemble il s'est proposé pour sortir un disque,
chose qu'il aurait voulu faire du temps de Sixpack mais qui n'avait
pu se réaliser. Faire un album ne nous paraissait pas concevable,
car nous nous étions déjà engagés
sur les titres de la BO du film d'une part, et sur la sortie d'un
45t avec Kérosène d'autre part. Il nous aurait manqué
des titres pour jouer sur la durée. En plus, l'idée
d'un MCD nous plaisait énormément, donc... Nous
avons enregistré avec Eric Rageys et Wilo (deux ex-Condense)
aux commandes, le tout en quelques jours avec l'appui de violoncelles
pour les arrangements. On est juste un peu déçu
d'avoir manqué de temps pour affiner tous les titres en
profondeur, je trouve personnellement qu'on a manqué d'application
dans la façon de jouer, ou du moins qu'on aurait pu faire
bien mieux. Idem pour le son, mais je suis un éternel insatisfait.
On est par contre particulièrement content de "Like
a line", un des 4 titres, le plus lent. Ce n'est pas forcément
la direction que nous prendrons à l'avenir, mais il y a
quelque chose de plus que tous ce que nous avons pu faire jusqu'à
présent.
R - le fait que
vous ayez introduit sur certaines musiques un violoncelle signifie
t-il que vous êtes désormais ouvert à d'autres
collaborations? avez vous d'autres projets dans le style?
O - Bien sûr ! On a ici utilisé le violoncelle comme
arrangement plus que comme un instrument à part entière
(déterminant dans la composition) uniquement parceque nous
manquions de temps. Cela ne s'est décidé qu'une
semaine avant l'enregistrement ! C'est Hasmig (du groupe lyonnais
Kabu Ki Buddah) et Guillaume (ex-Happy Hanger) qui ont eu la charge
d'écrire et jouer toutes les parties. A l'avenir, on espère
bien pouvoir intégrer d'autres instruments, qu'il s'agisse
de piano, de cuivre ou d'autres instruments à cordes. Salim
avait d'ailleurs en projet de chanter sur un morceau accompagné
uniquement d'une batterie et d'un violoncelle. Pour la composition
et le studio, cela ne pose pas de problème, en revanche,
il sera peut-être plus difficile de les inclure sur scène
: d'abord pour des raisons techniques, ensuite pour des questions
de disponibilité des personnes concernées, c'est
aussi simple que cela. Ceci dit, j'aime bien l'idée du
disque plutôt élaboré et parallèlement
le côté brute de la scène, avec une formation
de base classique : cela permet de découvrir divers aspects
d'un même titre, et surtout d'être plus libre sur
scène, donc plus énergique.
R - est-ce-que
l'image de six packs ne vous colle pas trop?
O - Franchement non, à part peut-être chez nous à
Saint-Etienne où les gens continuent de nous appeler Sixpack
! Pour le reste, on ne peut pas dire que ça nous ait gènés.
On se sert évidemment de ce nom là pour présenter
Wei Ji.
R - est-ce que
certains du groupe sont investis dans d'autres domaines artistiques?
et lesquels?
O - Mise à part les groupes et plus généralement
le contexte musical, non. Par le passé, j'ai souvent joué
dans diverses autres formations, notre batteur également.
Salim et Max préparent actuellement des enregistrements
personnels, soit avec d'autres groupes, soit seuls accompagnés
d'une guitare accoustique. Max élabore quelques fois des
pochettes pour d'autres groupes.
R - quels sont
vos différents projets à venir (avec ou sans le
band )?
O - Pour Salim et Max, je viens de les citer mais je ne pourrais
t'en dire plus car cela est encore à définir plus
clairement. D'un autre côté, Salim et moi comptons
monter un groupe dont la formation se trouvera réduite
à deux guitares, un chant et une batterie, pour exhumer
quelques vieux titres rock'n'rollesques. A voir. En ce qui concerne
Wei Ji, notre activité est actuellement en stand-by : notre
batteur a de sérieux problèmes d'audition depuis
six mois. Nous pensons reprendre les répétitions
sous peu et nous n'avons donc à ce jour aucun projet défini,
sinon enregistrer une reprise de Nick Drake dont nous sommes assez
satisfaits. Rien d'autre, nous avons dû annuler tous nos
concerts depuis mars dernier.
R - pour finir,
une petite anecdote et un évenement qui vous a marqué...
O - Je n'ai pas d'anecdote précise qui me revienne en tête.
Peut-être simplement notre dernier concert à Lyon
en première partie d'At The Drive-In où le chanteur
de ce groupe (Cedric) ne parvenait pas à traverser la salle
sans que des fans hystériques ne lui sautent dessus. Il
devenait complètement marteau. Nous avions déjà
joué avec eux et nous avons pu suivre au fil des concerts
le phénomène grandissant autour d'ATDI. Eux mêmes
ne semblaient plus rien maitriser à ce niveau. L'évènement
qui m'a marqué ces dernières semaines est plus personnel
car il s'agit de la mort d'un de mes amis. Un ami proche qui avait
d'ailleurs réalisé la pochette du premier 45t où
apparait Sixpack. Un ami de lycée, excellent dessinateur,
avec qui j'ai fait mes premiers fanzines subversifs, écouté
mes premiers disques de punk-rock et fait mon premier groupe.
Je l'ai vu pu à peu sombrer dans la folie et s'auto-détruire,
finir en hopital psychiatrique. Il mélangeait courrament
à ces doses de médicaments d'énormes quantités
d'alcool, son coeur a fini par lacher. J'ai une pensée
pour lui.